Le 19 janvier 2024, une bonne cinquantaine de personnes ont assisté à la conférence organisée par Graine d'école, avec Charles Pignon, naturopathe, spécialisé dans l'accompagnement de l'hypersensibilité.
Le but de cette intervention ? Mieux comprendre les personnes hypersensibles pour mieux les accompagner.
En voici le compte-rendu.
Après des études scientifiques en génie biologique, Charles Pignon a ressenti le besoin de donner plus de sens à sa vie professionnelle. Il se forme alors à la Naturopathie et prend ainsi conscience de sa « haute sensibilité », terme qu’il préfère utiliser.
Déjà formé à la méthode « 3D » (Découvrir – Dénouer – Déployer), à l’utilisation des constellations familiales, à la réflexologie plantaire et à l’utilisation des fleurs de Bach, etc., il continue de se former régulièrement.
D'où vient l'hypersensibilité ?
Le terme « haute sensibilité » est préféré au terme « hypersensibilité » qui sous-entend qu’il y a un « trop » .
30 % de la population mondiale serait hypersensible. Pour Charles, la différence se trouve dans le fonctionnement cognitif.
Plusieurs pistes de causes sont proposées : facteurs génétiques et / ou environnementaux …
Pour lui, le basculement se fait dès le projet de naissance jusqu’à environ 8 mois (hormones du stress produites par la maman lors de la gestation, rupture du lien affectif, fort besoin de sécurité pas entièrement rempli et donc sentiment d’insécurité…).
Les particularités de l'hypersensible
Chez la personne à haute sensibilité, l’état de stress est presque constant, le cerveau est en mode « alerte », cherchant constamment «d’où vient le danger », tous les sens sont alors en alerte ,ce qui génère …. encore plus de stress ! Surveiller le monde extérieur apparait donc plus important que son monde intérieur. Le regard de l’autre a une grande importance.
On peut être hypersensible émotionnel, mental ou spirituel. On peut être introverti, extraverti, être chercheur de sensations, etc…
La pensée est en arborescence, on débute quelque chose puis on décide de partir dans une autre direction …
Tous ont un fort besoin d’affection, d’amour, se demandant s’ils sont assez bien pour être aimés, éprouvent une culpabilité : Peut-être ne suis-je pas assez bien pour qu’on s’occupe de moi ?
Charles Pignon liste un certains nombres de caractéristiques communes aux personnes hypersensibles :
- Ils ont souvent besoin de couper, de trouver une zone refuge tout en ayant pas envie de rester seul…
- Ils ont besoin de sens, de justice, de profondeur, sont perfectionnistes, souvent colériques, impatients.
- Ils sont souvent très adaptables pour être acceptés amis ils changent de « costumes », avec la sensation de ne pas « être soi ».
- ils ont besoin de cadre, de limites. Avec cette difficulté : Comment rester libre dans ce cadre ? Comment trouver ma place alors je ne me sens rentrer dans aucun cadre ?.... Il semblerait que seulement 1 % des hypersensibles « rentrent » dans le système scolaire… Sont hypersensibles les TDAH, HQI, HP, zèbres , DYS…
Comment savoir si je suis concerné ?
Charles Pignon évoque plusieurs tests :
Le test d’Elaine Aron disponible gratuitement sur le net, le test WISC (test QI), le test COGITOS qui peuvent aider à mettre des « mots sur »..
Il nous rappelle la difficulté de donner une définition de l’hypersensibilité.
Quelques pistes sont évoquées pour accompagner :
- Identifier clairement les données de la situation qui ont du sens pour l’apprenant pour que l’hypersensible comprenne l’objectif.
- Passer de « l’ enfant adapté » (à qui l’adulte impose ce qu’il doit être) ) à « l’enfant réalisé » (qui grandit en confiance et a la possibilité de devenir qu’il est vraiment).
- Pour savoir comment accompagner un hypersensible , il est nécessaire de savoir quel type d’hypersensibilité le représente le mieux : mentale, émotionnelle ou spirituelle ?
Comme les hypersensibles réagissent de façon extrême aux stimulis :
- Face aux bruits d’appareils ménagers, de véhicules, de disputes… écouter de la musique 528Hz, utiliser un casque, lui trouver une place tranquille/ une zone de silence.
- Eviter les lumières intenses, fluorescentes. Préférer un éclairage tamisé.
- Baisser la stimulation olfactive.
- Être vigilant quant à l’introduction alimentaire, respecter les préférences, proposer des stimulations orales (ex : chewing gum…), boire de l’eau …. (Intolérances aux goûts, textures, couleurs, températures, mélanges…)
- Face au stress lié aux contacts inattendus, aux lieux bondés, aux vêtements non tolérés, au contact visage, dents, tête (se laver, se brosser…), à la texture des aliments, donner de l’espace, proposer des vestes lourdes, des sacs à dos,
- Poser les mains chaudes sur les yeux, solliciter les muscles pour décharger les tensions, proposer des exercices de respiration
- Certains sont sensibles en voiture, manège, ascenseur, aux pieds dans le vide… Iinitier l’enfant lentement et en sécurité aux nouveaux mouvements.
Comme ils ont toujours besoins d’être actifs car ils se sentent mieux en mouvement, quand ils semblent nerveux / agités :
- Proposer 10 à 20 minutes de relaxation, cohérence cardiaque,
- faire 2 à 5 minutes de mouvements (sauts, trampoline, parcours, transport matériel…).
Pour la gestion des émotions :
- User et abuser de l’empathie / sympathie : apprenez-lui à accueillir, nommer l’émotion puis l’accepter.
- Les « exercices de gratitude » permettent de ressentir les émotions positives et de les transmettre autour de nous.
- Méthode ANA « Accueillir, Nommer, Accepter)
- Notion des 4P : le Plus Petit Pas Possible
- Nourrir la spirale de la réussite : valoriser les réussites, ce dont on est fier. Notre cerveau prend l’habitude et ça va être de plus de plus facile.
- Boîte à soleil : mettre dans la boîte ce dont on est fier / ses réussites et les relire de temps en temps
Divers :
- Veiller à une bonne nutrition : Omega 3, Magnesium Phosphore, Vitamine B ….
- Travailler sur les liens familiaux, les blocages…
- Chanter, parler, musique, manipuler, illustrer, dessiner, réfléchir, jouer…
Echanges avec le public :
- On est tous hypersensibles? Oui, on est tous sensibles mais pour les hypersensibles, le curseur est plus haut !
- Combien de personnes s'estiment hypersensibles dans la salle ? environ la moitié ont levé la main.
- Etre hypersensible est un DON
- Pathologies particulières associées ? Anxiété, déprime, insatisfait du monde, pathologies digestives (Krohne..), problème de sommeil…
- Y en a-t-il de plus en plus ? Plus on est hypersensibles, plus on fait des hypersensibles ! Pression du contexte actuel très angoissant.
- Il existe d’autres « définitions » ? Ce n’est pas normé, il n’y a pas de définition claire. « Cette conférence c’est MA perception du sujet »
- Quand se poser la question ? Il faut attendre les 6-7 ans pour poser un diagnostic.
- Quand on est hypersensible on est plus cerveau droit que gauche ? Oui
- On peut devenir hypersensible ? Oui en cas de stress très important.
- Est-ce une qualité ? Comme on est vigilant au cadre, c’est très utile dans la plupart des métiers.
- Comment on fait prendre conscience à l’hypersensible qu’il a un niveau de stress trop élevé ? Ca vient de la personne elle-même , il faut pas vexer la personne, respecter que c’est pas le bon moment pour le reconnaitre.
Une participante a trouvé cette approche beaucoup plus positive que l’habituelle proposition d’une psychothérapie.
Une autre a trouvé la conférence très accessible.
Charles Pignon a terminé par ces mots : « Ma mission ce soir était de vous faire comprendre que les hypersensibles ont un rôle à jouer (dans la nature : alerter du danger) , ce sont ceux qui sortent du cadre, qui peuvent faire bouger la société."
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