Cette conférence "L'éducation au temps des crises" par Catherine Gueguen, pédiatre et Isabelle Peloux, directrice de l'école du Colibri nous a fait du bien pour envisager la reprise avec plus de sérénité !
Si vous n'avez pas le temps de visionner la totalité, voici quelques extraits qui nous ont particulièrement parlé , par thématique :
Retour à l'école et mesures de distanciations entre enfants
CG
"Ce virus n'est absolument pas dangereux pour les enfants, sauf cas tout à fait exceptionnel. Il faut arrêter de paniquer tout le monde. Il faut rassurer les parents et les enseignants, car les parents stressés font des enfants stressés. Et le stress abîme le cerveau de l'enfant Il faut que les adultes stressés puissent en parler, sans culpabilité (conjoint, amis, psychologue). Les adultes qui viennent à l'école ne risquent quasiment rien."
"La majorité des études montrent que les enfants sont très peu porteurs du virus et très peu transmetteurs."
"Pour moi rien ne justifie qu'on empêche les enfants de se toucher et d'être ensemble".
"J'aimerais qu'il y ait une période de transition de 15 jours pour expérimenter et voir ce qui est possible ou pas. On ne peut pas empêcher les enfants de se toucher. Un enfant qui pleure a besoin d'être consolé. Les tout-petits ont absolument besoin de câlins, de contacts affectifs, de voir le visage... Empêcher ces relations affectives, c'est du contre-sens... Ce virus n'est pas dangereux pour les enfants, ne faisons pas une génération de traumatisés, parce que ça va avoir des conséquences terribles : troubles obsessionnels, peur de l'autre... Il y a des directives hygiénistes par peur, moi je suis contre les masques en crèche : l'enfant lit sur le visage des adultes. Ce qui fait maturer le cerveau de l'enfant c'est de pouvoir, lors des tempêtes émotionnelles, être rassuré , consolé, aidé dans l'expression des émotions."
IP
"Louper l'école, au niveau des apprentissages, ça n'a aucune importance. Il y a des milliers de façons d'apprendre, l'enfant apprend tout le temps. Quand ils vont revenir à l'école, c'est à l'enseignant de s'adapter. C'est le travail d'un enseignant : on devrait être tout le temps être en train de s'adapter et d'individualiser l'accompagnement des élèves. ce qui met en danger les enfants c'est le manque de relation et d'interactions. A partir de 5 ans, on a besoin d'interactions avec les autres, et être non-stop avec ses parents peut être négatif. L'ouverture de l'enfant sur l'extérieur est l'une des raisons pour lesquelles on rouvre l'école."
"C'est le mot déconfinement qui va pas, on était dans un confinement fermé, on va être dans un "confinement ouvert" mais on est toujours en confinement. On peut expliquer aux enfants qu'on va pouvoir se revoir mais il faut protéger les personnes à risques. Par solidarité avec elles, on respecte les gestes et les distances. Il faut à peu près 15 jours pour intégrer ces réflexes."
"Si vous (enseignants) ne le sentez pas, ne le faites pas, et prenez soin de vous. Si vous avez quelqu'un dans votre famille qui est à risques, protégez le, ne venez pas".
" A l'école on a mis les enfants dans le coup, on leur a demandé qu'est-ce qui est supportable ou pas, on en parle avec eux, ils ont forcément des idées qu'on n'avait pas et si c'est trop anxiogène, on dira aux parents qu'on arrête. L'idée est de créer du mieux."
Importance de la parole et de la confiance donnée aux enfants
IP
"Je me suis rendue compte avec le confinement que la société française en entier suppose que le citoyen quel que soit l'âge qu'il a, va être désobéissant et rebelle. On n'est pas pédagogue avec nous, on nous explique pas calmement ce qui se passe, on ne nous dit pas par ex :"on est désolés, mais on est débordés on fait au mieux, c'est vraiment compliqué comme situation", ça nous ferait du bien d'entendre ça ! Au lieu de ça, on a eu plein d'informations contradictoires. L'être humain vient au monde avec l'envie de contribuer à la Vie, il faut que dans nos écoles on aille nourrir absolument ça. Plutôt que de dire "j'ai l'obligation de mettre un masque", on pourrait dire "je choisis de mettre un masque, par solidarité, pour contribuer à la vie..." On a tellement peu entendu le mot solidarité."
CG
"Ce qui me choque aussi, c'est le manque de confiance dans notre société. il faut donner confiance aux enfants. Leur dire, "oui en ce moment il y a plein de difficultés mais on peut ensemble trouver des solutions; c'est ensemble qu'on va les trouver et surmonter les problèmes". Les enfants sont tout à fait conscients de ça. Il faut nourrir ce courage qu'ont les enfants, leur donner envie de vivre."
"J'aimerais que cette crise donne beaucoup plus la parole aux enfants. Je suis à fond pour les ateliers philo. Les enfants dès l'âge de 5 ans sont capables de réfléchir à plein de choses."
"Faire des ateliers de paroles dans l'école publique pour les enfants mais d'abord pour les adultes, qu'ils puissent décharger leur stress, leur panique, leur colère."
IP
"L'important c'est d'avoir conscience que les enfants ont une capacité de penser très importante. Les enfants d'aujourd'hui demandent à être écoutés, à prendre la parole comme des gens concernés et actifs. Les enfants de l'école sont très concernés par le réchauffement climatique, ils demandent la parole en disant vous n'avez pas le droit de décider à notre place. Il faut travailler ça."
"L'école reprend son rôle de lien social et d'accompagner les futurs citoyens. Pour nos enfants, il va y avoir un sacré paquet de défis à relever, il faut qu'on les accompagne avec la tête haute et en reconnaissant nos erreurs. C'est pour ça qu'ils nous font cette demande si forte d'être entendus en tant qu'humains concernés."
Besoin de connexion à la Nature
CG
"Je pense qu'il va y avoir beaucoup plus d'enfants addicts aux écrans. Il va falloir faire un sevrage des écrans, que les enfants puissent aller dans la nature, courir, sauter, danser, chanter... "
"L'enfant a un besoin vital de courir, de se dépenser, de se rouler dans l'herbe : ça favorise la croissance des neurones, il y a des études scientifiques là dessus."
IP
"Ce confinement a amené des choses très intéressantes pour les enseignants. Pour une fois, on n'a pas infantilisé les enseignants, on leur a dit vous avez carte blanche, ça a réveillé de la créativité et j'invite les enseignants à ne pas la perdre. Revendiquez-la, ça a été précieux. revendiquez les sorties dans la Nature : on a tellement vu en étant confinés à quel point c'est nourrissant et apaisant d'avoir les pieds dans la terre, de regarder un arbre.... Les enfants qui n'ont pas cette connexion là, il leur manque quelque chose."
" La nature, il suffit qu'elle envoie quelque chose de minuscule, un virus, et nous on se rend compte qu'on est complètement dépendants d'elle, c'était déjà comme ça avant, c'est juste qu'on avait oublié ! Faisons prendre conscience que la Nature, on en vient, on en est dépendants et en plus elle est bonne pour nous. Il faut que ça devienne très rapidement une revendication dans l'Education Nationale. "
Pour compléter cette conférence, nous partageons cette tribune de pédiatres en faveur d’un retour des élèves à l’école : "Oui, prenons des précautions (avec les enfants) mais des précautions qui soient réalistes !"
Une vingtaine de responsables de sociétés de spécialités pédiatriques appellent, dans une tribune, à "maîtriser nos peurs et à remettre nos enfants à l’école".
Voici quelques guides qui nous ont donné des idées pour accompagner les enfants et mener des activités en respectant les consignes de distanciation :